Il était tard, plus de dix heures du soir, lorsque j’eus mis le premier pas dans le village, les lampadaires étaient allumés et apportaient un certain réconfort dans la nuit noire qui était levée depuis un moment déjà. Pratiquement personne ne se trouvait dans les rues à cette heure-ci et je me dirigeai, avec Evoli sur mon épaule, directement vers le centre Pokémon, repérable de loin grâce à son toit rouge vif. L’infirmière Joëlle m’accueillit avec un grand sourire, tandis que son Pokémon Nanméouïe, revenait vers elle, je vis derrière elles une affiche prévenant que le concours d‘Arabelle serait pour demain et que les inscriptions devaient se faire impérativement avant onze heures. Je lui demandais donc s’il lui restait des places pour coucher ici, sinon je pouvais toujours dormir à la belle étoile comme j’aimais faire lorsque mon père ne me voyait pas. Au grand bonheur d’Evoli, il restait une chambre et il suivit le premier l’infirmière alors que je souris, mon renardeau avait beau faire le fier, il préférait quand même dormir confortablement plutôt que dans un sac de couchage à même le sol. Une fois changé, je pus m’endormir tranquillement dans mon lit après m’être aperçu qu’Evoli dormait déjà en boule près de mon oreiller.
La nuit fut reposante, les tensions entre mon Pokémon et moi ainsi que l’épuisement dû aux combats de la veille s’étaient envolés et je me sentais aussi léger qu’une plume. Evoli n’étant toujours pas réveillé, je me levai et m’habillai, je partis prendre mon petit-déjeuner et je pensais à faire des Poffins ou des Pokéblocs grâce aux baies que j’avais récupérées juste avant mon départ de la demeure de mon père. L’infirmière m’indiqua où se trouvaient les cuisines et je pus faire ce que je voulais, je sortis les baies et la recette que j’avais copié du livre de recette du majordome pour commencer la préparation. Tout d’abord, j’allumai le four pour le préchauffer, ensuite, je découpai les baies en petits morceaux pour les verser dans la casserole. Je remuai jusqu’à que la pâte soit plus solide, mais toujours aussi malléable comme indiqué dans la recette, je goûtai pour vérifier si le mélange était mangeable, c’était assez salé, mais ça devrait convenir au caractère d’Evoli. Je séparai la pâte en plusieurs petits tas tout en les mettant sur la plaque pour créer quelques Poffins, puis je les mis au four et j‘attendis qu‘ils cuisent.

Il se réveilla et la première chose qu’il remarqua, c’était que son dresseur n’était plus là. L’avait-il abandonné ? Impossible ! En regardant autour de lui, il remarqua que son sac était toujours posé au même endroit que la veille, il était toujours là, il s’était juste levé plus tôt que lui. Il soupira et il se rendit compte qu’il venait de se faire du souci d’être abandonné alors que son rêve était d’être libre, son caractère changeait-il à la proximité de ce dresseur si différent des autres ? Il sentait qu’il aimait son dresseur, mais il ne voulait pas le reconnaître, du moins… pas pleinement, même s‘il savait que c‘était la vérité. Pour se changer les idées, il alla se dégourdir les pattes et tenter de retrouver son dresseur par la même occasion. À peine eut-il mis les pattes en dehors de la chambre qu’il sentit flotter dans les airs une délicieuse odeur qui n’appela que lui. Il la suivit et finit par trouver les cuisines, quelqu’un devait préparer de délicieuses gourmandises et il se demandait s’il pourrait en avoir une, vu l’odeur irrésistible qu’elles dégageaient. Il finit par se rendre compte que la personne qui cuisinait n’était autre que son dresseur, ainsi, il s’était levé plus tôt pour lui préparer des gâteaux. Il ne savait plus quoi penser, son dresseur était si différent de ceux qu’ils avaient vu qui ne pensaient qu’à se battre et pousser leurs Pokémons à bout de leurs forces en ne voulant que la victoire à la fin. Pourquoi était-il si différent, si gentil ? Pourquoi son caractère ne le repoussait-il pas malgré tous ses efforts ? Il finit par comprendre que tous les dresseurs étaient aussi différents que les Pokémons d’une même espèce l’étaient, les duos Pokémon-Dresseur pouvaient être de solides amitiés finalement. Il sauta sur le plan de travail que son dresseur était en train de nettoyer pour signaler sa présence.

Alors qu’il était en train de tout nettoyer et ranger en attendant que les Poffins aient fini de cuire, Evoli se manifesta et sauta sur le plan de travail.

_ Bonjour, comment vas-tu aujourd’hui ?
_ Evoli.
_ Je t’ai préparé des petits gâteaux dont tu me diras des nouvelles, j’ai hâte de voir si tu les aimes.

Le minuteur qu’il avait mis en route sonna pile au bon moment et il sortit ses pâtisseries du four, elles semblaient prêtes. Il en présenta une à Evoli en le prévenant que c’était chaud, mais ce dernier se contenta de renifler avant de manger une bouchée et de le finir complètement tout en remuant la queue, de contentement j’espérais.

_ J’aimerais bien savoir ce que tu dis parfois, ça m’aiderait à te comprendre.
_ Il est possible d’accéder à ta requête.
Je me tournai vers l’origine de la voix qui venait de parler pour m’apercevoir qu’il s’agissait de l’infirmière Joëlle.
_ Comment ?
_ Grâce à ce petit appareil, il s’agit d’un traducteur Pokémon. Tu accroches cette partie à ton Pokémon en précisant de quelle espèce il s’agit, puis tu mets l’oreillette pour entendre ses paroles. Essaies et tu verras, j‘ai la même chose pour Nanméouïe, mais seul le Dresseur peut entendre son Pokémon.

Je fis ce que me dicta l’infirmière tout en pensant à l’ingéniosité de cet appareil et Evoli se laissa faire, même s’il paraissait tendu. Je mis l’oreillette au fond de mon oreille, puis je demandai à Evoli:

_ Qu’as-tu pensé de mon Poffin ?
_ Comme si tu pouvais comprendre ce que je disais, je pourrai te dire que c’est mauvais que tu ne saurais pas ce que je pense.
_ Alors c’était bon ?
_ Ça avait du goût… Mais tu me comprends ?
_ Cet appareil est fantastique, merci beaucoup infirmière Joëlle.
_ Mais de rien, et le traducteur ne peut pas s’enlever une fois qu’il est mis sur un Pokémon, il faut faire appel à un laboratoire.
_ Mince, moi qui pensais que je pouvais l’enlever tranquillement.
_ Evoli !
_ Pff… Je sens que ça va changer maintenant.

Je suivis l’infirmière Joëlle pour pouvoir m’inscrire au concours qui avait lieu cet après-midi tout en attendant Evoli râler de cet appareil de malheur en reprenant ses propres mots. Je reçus donc une boîte à rubans puisqu’il s’agissait de ma première inscription et je demandais si elle pouvait vérifier qu’Evoli était en forme.